tirer les marrons du feu

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Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

Par allusion à la fable de La Fontaine Le Singe et le Chat.
Composé de tirer, marron et feu.

Locution verbale [modifier le wikicode]

tirer les marrons du feu \ti.ʁe lɛ ma.ʁɔ̃ dy fø\ (se conjugue → voir la conjugaison de tirer)

  1. Se donner de la peine pour le seul profit d’autrui.
    • Un jour au coin du feu nos deux maiſtres fripons
      Regardoient roſtir des marons ;
      […]
      Bertrand
      [le Singe] dit à Raton [le Chat] : Frere, il faut aujourd’huy
      Que tu faſſes un coup de maiſtre.
      Tire-moy ces marons ; Si Dieu m’avoit fait naiſtre
      Propre à tirer marons du feu,
      Certes marons verroient beau-jeu.
      Auſſi-toſt fait, que dit : Raton avec ſa pate
      D’une maniere delicate
      Écarte un peu la cendre, & retire les doigts ;
      Puis les reporte à pluſieurs fois ;
      Tire un maron, puis deux, & puis trois en excroque,
      Et cependant Bertrand les croque.
      — (Jean de La Fontaine, « Le Singe, et le Chat », in Fables, 2e recueil, 4e partie (tome iv), Claude Barbin et Denys Thierry, 1679, pages 70–72)
    • On dit proverbialement de celui qui eſt ſorti hors du jeu, ou qui n’a plus d’argent pour joüer, qu’il eſt allé rôtir les marrons, ou abſolument au rôtir. On dit auſſi, quand on ſe ſert du ſecours d’autrui pour quelque choſe qu’on a peur de faire ſoi-même, qu’on fait comme le ſinge, qui tire les marrons du feu avec la patte du chat. — (Antoine Furetière, Dictionnaire universel, tome second (E–N), Reinier Leers, Rotterdam, 1708, troisième édition revue, corrigée et augmentée par Henri Basnage de Bauval, « marron »)
    • Prov. et fig., Se servir de la patte du chat pour tirer les marrons du feu, Se servir adroitement d’un autre pour faire une chose dangereuse, dont on espère de l’utilité, et qu’on n’ose faire soi-même. On dit de même, Tirer les marrons du feu, Servir aux desseins d’un autre, travailler pour un autre, avec fatigue et danger pour soi-même et sans aucun profit. — (Dictionnaire de l’Académie française, 7e édition, tome second (I–Z), Librairie de Firmin-Didot et Cie, Paris, 1884, p. 175)
    • Même le fameux avertissement lancé aux démocraties occidentales en mars 1939 — selon lequel l’URSS n’avait aucune intention de « tirer les marrons du feu » pour leur compte — ne marqua pas un changement de position soviétique. — (Le Monde diplomatique, juillet 1997)
  2. (Par inversion du sens d’origine) Être celui qui tire profit de la situation. Note : bien qu’étant l'inverse de la signification initiale et logique, ce sens est devenu le plus fréquent.
    • Certes, l’économie nord-américaine accuse de sérieux ratés. Il existe cependant des entreprises qui tirent drôlement bien leurs marrons du feu. — (Le Devoir, 12 août 2003)
    • Si la gauche court après Nicolas Sarkozy, je vous laisse deviner qui va tirer les marrons du feu. Ce sera probablement Jean-Marie Le Pen […] — (Le Figaro, 25 mars 2007)

Traductions[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]